Une méthode non invasive pour mesurer le glucose dans le sang
C’est au prix d’un contrôle quotidien du taux de glucose (la glycémie) dans le sang que les patients atteints de diabète de types 1 et 2 peuvent mener une vie normale. Il existe actuellement des dispositifs électroniques utilisables à domicile qui indiquent la glycémie à partir d’une goutte de sang du patient. Des chercheurs de l‘Institut de Biophysique de la Johann Wolfgang Goethe Universität à Francfort, en Allemagne, proposent une méthode de mesure de la glycémie dans laquelle un faisceau indolore de lumière infrarouge est appliqué sur la peau. Par spectroscopie infrarouge photo-acoustique, on obtient alors le taux de glucose dans le fluide interstitiel de l’épiderme humain.
L’infrarouge moyen pénètre dans la peau à une profondeur de 10 à 50 micromètres. Le fluide interstitiel qui y est présent contient du glucose. Son taux est relié de façon connue à celui du glucose dans le sang que l’on veut mesurer. On choisira une longueur d’onde favorisant l’absorption de la lumière laser par le glucose, celle-ci sera mesurée par effet photo-acoustique.
On voit sur la figure 2 le détail de la cellule photo-acoustique. Pour réguler la température de la cellule, un thermocouple de mesure est associé à un élément chauffant, un film résistant collé sur celle-ci.
Pour démontrer la faisabilité du procédé, l’équipe dirigée par le Professeur W. Mäntele a utilisé le dispositif de la figure 3. Un laser à cascade quantique accordé dans l’infrarouge moyen entre 8,3 et 10 micromètres de longueur d’onde émet des impulsions infrarouges à une fréquence de répétition de l’ordre de celle des ultrasons. Cette lumière laser est focalisée au centre de la cellule photo-acoustique. Elle pénètre l’extrémité du doigt, y excite une onde ultrasonore amplifiée dans le résonateur acoustique de la cellule. Ce signal photo-acoustique est traité par l’ensemble électronique de la figure 3.
Dans une version ultérieure, cette électronique pourrait être intégrée dans un seul circuit. La sensibilité de cette méthode, déjà très élevée, doit augmenter par une optimisation de la cellule photo-acoustique. Sa sélectivité, basée sur les possibilités d’accord en fréquence du laser utilisé, devrait s’accroître avec lesprogrès des lasers à cascade quantique. La stabilité du système correspond au temps durant lequel un patient diabétique pourra l’utiliser après une calibration utilisant une goutte de sang. On l’estime déjà à plusieurs jours, mais on pense l’améliorer. La cellule photo-acoustique décrite ici peut bien sûr être utilisée aussi pour analyser des échantillons solides présentant des bandes d’absorption dans l’infrarouge moyen ou même d’autres bandes spectrales couvertes par la source laser.
Pour en savoir plus : Windowless ultrasound photoacoustic cell for in vivo mid-IR spectroscopy of human epidermis…… Miguel A. Pleitez,Tobias Lieblein, Alexander Bauer, Otto Hertzberg, Hermann von Lilienfeld-Toal, and Werner Mäntele.
REVIEW OF SCIENTIFIC INSTRUMENTS 84, 084901 (2013)