Une explosion de supernova de type Ia détectée au début de 2014
Le 21 janvier 2014, on a découvert à l’Observatoire de Londres (University College London, UCL) ce qui apparaissait comme une nouvelle étoile très lumineuse. A 19H 20, quatre étudiants, sous la direction d’un astronome, le Dr. Steve Fossey, s’initiaient à l’astrophotographie. Sur une photographie de la galaxie M82 située à 14,7 millions d’années-lumière dans la constellation de la Grande Ourse, S. Fossey remarqua une étoile qu’il ne pensait pas avoir vu auparavant. Après vérification, un rapport fut envoyé à l’Union Astronomique Internationale (IAU). Dix jours après, le télescope spatial Hubble en prenait des images dans le spectre visible.
L’explosion d’une supernova est un phénomène lumineux extrêmement intense : l’étoile devient soudain des milliards de fois plus brillante, à l’égal d’une petite galaxie. Elle est donc visible de très loin (jusqu’à environ 5 milliards d’années-lumière) pour un temps limité allant de quelques semaines à quelques mois. Après cela il subsiste des restes qui peuvent former une nébuleuse comme celle du Crabe qui correspond à une supernova qui fut observée à l’œil nu par les astrologues de la cour impériale chinoise en 1054.
L’explosion d’une supernova de type Ia est due à l’effondrement sur elle-même d’une naine blanche.
Une naine blanche résulte de l’évolution d’une étoile de masse moyenne (inférieure à une dizaine de masses solaires) qui a épuisé ses combustibles thermonucléaires et expulsé ses couches externes. Si cette étoile a une étoile compagnon moyennement massive dont elle attire de la matière, sa masse peut alors dépasser une certaine limite, dite de Chandrasekhar. La pression interne de l’étoile devient insuffisante pour compenser sa propre attraction gravitationnelle. La naine blanche s’effondre et il se produit une réaction de fusion thermonucléaire de ses atomes de carbone et d’oxygène. Celle-ci s’emballe et conduit à l’explosion.
Dans la semaine qui suivit, de nombreux observatoires de la planète confirmèrent la découverte de la supernova qui reçut le nom de SN 2014J. Elle est à environ 12 millions d’années-lumière de notre planète mais elle n’est pas visible à l’œil nu. On peut voir ci-dessous une image obtenue par le télescope spatial Hubble de 2,4m de diamètre.
De multiples télescopes dans le monde sont équipés de spectroscopes et ont enregistré le spectre de la lumière émise par le nouvel objet.
Ces enregistrements concordaient assez pour qu’on puisse affirmer qu’on était en présence d’une supernova de type Ia.
La luminosité d’une supernova augmente très vite pendant deux semaines après l’explosion pour décroître ensuite plus lentement au cours des mois suivants. Les courbes de lumières des supernovae de type Ia sont extrêmement uniformes et superposables, mais en outre leur luminosité absolue est aussi très voisine d’une supernova à une autre. Leur luminosité maximum est de l’ordre de 2 milliards de fois celle du soleil. La cosmologie met cela à profit pour déduire leur distance par comparaison de leur luminosité apparente avec leur luminosité absolue. On dit que ce sont des « chandelles standard », excellents indicateurs de distance.
La NASA a réalisé une animation à partir des images obtenues avant et après l’événement par le télescope UVOT monté sur le satellite Swift. Cet appareil fournit simultanément une image dans l’ultraviolet et le visible.
Les propriétés exceptionnelles des supernovae ne devraient pas nous faire oublier que la quasi-totalité de la matière (à l’exception de l’hydrogène) qui constitue notre planète et ses habitants s’est formée dans les réactions nucléaires au cœur des étoiles. Les explosions finales des étoiles en supernovae ont libéré cette matière dans l’espace et de cette poussière d’étoiles est surgi entre autres notre monde.
Pour en savoir plus :
The rise of SN 2014J in the nearby galaxy M 82
A. Goobar1, J. Johansson1, R. Amanullah1, Y. Cao2, D. A. Perley2,3, M. M. Kasliwal4,
R. Ferretti1, P. E. Nugent5,6, C. Harris5,6, A. Gal-Yam7, E. O. Ofek7, S. P. Tendulkar2,
M. Dennefeld8, S. Valenti9,10, I. Arcavi9,11, D. P. K. Banerjee12, V. Venkataraman12,
V. Joshi12, N. M. Ashok12, S. B. Cenko13,14, R. F. Diaz15, C. Fremling16, A. Horesh7,
D. A. Howell9,10, S. R. Kulkarni2, S. Papadogiannakis1, T. Petrushevska1, D. Sand17,
J. Sollerman16, V. Stanishev18, J. S. Bloom6, J. Surace19, T. J. Dupuy20, M. C. Liu21
arXiv:1402.0849v3 [astro-ph.GA] 5 Mar 2014
INTRODUCTION AUX SUPERNOVAE
Alain BOUQUET
Laboratoire de physique corpusculaire et de cosmologie – Collège de France