Un faisceau laser d’une finesse extrême!
Un rai de lumière dans le visible d’un diamètre 500 fois plus petit que sa longueur d’onde! C’est la taille (quelques nanomètres) à laquelle des ingénieurs et chercheurs de Caltech California Institute of Technology, Pasadena, CA, U.S.A.) ont réussi à réduire la section transverse d’un faisceau de lumière laser du spectre visible ( longueur d’onde d’environ 500 nanomètres {0,5 micromètres}). Cela permettra de transmettre plus de données dans les fibres optiques, de miniaturiser les dispositifs de contrôle nécessaires à ces transmissions et de réaliser des systèmes de mémoire magnétique d’une densité d’inscription inégalée. Et pourtant, les lois de la physique indiquent qu’on ne peut diminuer la taille d’un faisceau lumineux au-delà de sa longueur d’onde.
Les ondes lumineuses peuvent transmettre des données avec une efficacité bien plus élevée que les signaux électriques dans les conducteurs métalliques. En effet, en raison des fréquences ( ≈ 1014 Hz, soit 108 GHz; 1 GHz = 1000 MHz) extrêmement élevées de la lumière, la bande passante de la transmission est sans rapport avec celles (≈ qq Ghz ) des signaux électriques pouvant se propager sans trop de pertes dans des câbles coaxiaux.
C’est pour cela que, dans le monde actuel, il y a déjà des milliers de kilomètres de fibres optiques qui transmettent communications téléphoniques, images, vidéos , et même des virus informatiques….
Or la production et la circulation de données numériques de toutes sortes ne fait qu’augmenter. Concentrer les ondes lumineuses dans de plus petits espaces permettrait d’augmenter le flux de données dans les fibres optiques, mais aussi de réaliser des dispositifs de contrôle plus compacts et moins gourmands en énergie.
Cet exploit semble, à première vue, irréalisable à tout physicien. La longueur d’onde de la lumière constitue une valeur limite due à la diffraction à partir de laquelle on ne peut plus focaliser la lumière.
Les chercheurs du Caltech ont contourné magistralement cette difficulté. A partir d’une mince plaque de silice (SiO2 ) recouverte d’or, ils ont fabriqué une structure métal- isolant-métal en forme de boîte rectangulaire de quelques micromètres de long s’amincissant à son extrémité (Fig. 1 ).
La lumière pénétrant dans cette structure va exciter aux interfaces silice-or ce que les physiciens nomment des oscillations de plasmons.
Ces PPS se propagent à travers le guide d’onde que constitue les deux faces dorées séparées par une couche de silice, sont focalisés dans la partie effilée du guide et réémettent une onde lumineuse à la sortie de la pointe.
La figure 2 est une image du dispositif de nano-focalisation obtenue au microscope électronique à balayage (MEB).
Le rendement lumineux ( c’est le rapport entre l’intensité de lumière en sortie et celle injectée à l’entrée) de ce dispositif est élevé, il est de 50% pour une focalisation de quelques nanomètres, mais il atteint 70% pour une focalisation légèrement moins élevée, obtenue avec une section finale de 14x 80 nanomètres.
Une des premières applications de ce dispositif sera l’enregistrement magnétique à haute densité (voir Le blog des sciences 26 mai 2012: L’enregistrement magnétique rendu des centaines de fois plus rapide ). On pourra ainsi atteindre des densités de mémoires plusieurs dizaines de fois plus élevées que celles des disques durs actuels.
Mais, bien sûr, c’est dans la transmission de données et les télécommunications que l’invention va avoir le plus d’avenir. Comme l’informatique fait de plus en plus appel à l’optique, il ne serait pas étonnant de trouver bientôt dans nos ordinateurs un dispositif de ce genre destiné à concentrer et contrôler la lumière à une échelle nanométrique.
Ce dispositif a été fabriqué avec des techniques déjà employées pour la nano-fabrication dans l’industrie des semi-conducteurs en utilisant une plaquette de silice qui y est couramment disponible.
La vidéo ci-dessous montre le dernier stade de fabrication du focalisateur nano-métrique. On utilise la technique dite des faisceaux d’ions focalisés.
Pour en savoir plus : – Caltech News
– Nanofocusing in a metal–insulator–metal gap plasmon waveguide with a three-dimensional linear taper. Hyuck Choo, Myung-Ki Kim, Matteo Staffaroni, Tae Joon Seok, Jeffrey Bokor, Stefano Cabrini, P. James Schuck, Ming C. Wu and Eli Yablonovitch. Nature Photonics, nov. 2012, 838, DOI:10.1038/NPHOTON.2012.277