Sublimation de la glace et des cristaux de neige
On appelle sublimation le passage de l’état solide à celui de vapeur. Cette évaporation particulière a une grande importance dans le cas de la glace et des cristaux de neige quand ils ne peuvent fondre parce que la température est inférieure à 0°C. C’est ce qui se passe pour la glace et la neige des continents arctiques et antarctiques. Or la quantité de glace et de neige présente sur la Terre affecte l’albedo de celle-ci et influe ainsi sur le climat du globe.
La complexité de leur géométrie a jusqu’ici empêché de prédire précisément la dynamique de l’évaporation de la glace et des cristaux de neige. Des scientifiques de l’Université Amsterdam, aux Pays-Bas, ont étudié la sublimation de gouttes de glace munies d’une pointe et celle de cristaux de neige. Ils ont construit un modèle quantitatif de l’évaporation de la glace et des flocons de neige basé sur le transport par diffusion de la vapeur et non sur la structure cristalline du support, comme on le croyait jusqu’ici.
La sublimation des gouttes de glace munies d’une pointe
Dans une enceinte à humidité maintenue basse (5%) et constante, on dépose de petites gouttes d’eau sur un substrat froid (à température constante Ts < 0°C), on les fait ainsi se geler et on filme le processus. Généralement, une goutte atteint Ts en quelques secondes, mais reste en surfusion (à l’état liquide) pendant quelques minutes tout en s’évaporant. Finalement, la goutte se solidifie et, à cause de l’augmentation de volume due à la transformation de l’eau en glace, une pointe conique se forme à son sommet (Fig.1.). C’est alors le début de la sublimation de la glace ; on observe la même vitesse pour l’évaporation de la glace et de l’eau en surfusion, ce qui suggère que l’évaporation de la glace est limitée par la diffusion de molécules d’eau dans la vapeur d’eau avoisinante, comme il est bien connu pour le cas de gouttes liquides.
Cette même séquence figure dans la vidéo suivante :
Reproduit de Singular sublimation of ice and snow crystals
Etienne Jambon-Puillet , Noushine Shahidzadeh & Daniel Bonn
NATURE COMMUNICATIONS | (2018) 9:4191 |
DOI: 10.1038/s41467-018-06689-x C.C.4.0
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La figure suivante montre l’excellent accord théorie-expérience obtenu par les chercheurs d’Amsterdam. Elle présente le profil d’évaporation d’une goutte de glace dans l’air relevé toutes les 15 minutes et le profil correspondant obtenu par simulation à partir du modèle de diffusion des molécules d’eau dans la vapeur.
L’accord entre expérience et simulation est excellent.
La sublimation des cristaux de neige
Le début d’évaporation de la goutte de glace à pointe est dominé par la région de forte courbure qu’est la pointe. On observe qualitativement le même comportement des cristaux de neige (Fig.3.a) avec un départ de sublimation sur les protubérances. Ceci incita les chercheurs à tester leur modèle pour l’évaporation de la goutte de glace sur les cristaux de neige. ils l’ont adapté pour tenir compte de l’interaction possible entre les protubérances et ont obtenu là aussi un excellent accord (Fig.3.)
On peut observer sur la vidéo suivante le déroulement complet de la simulation de la Fig.3b ci-dessus.
Reproduit de Singular sublimation of ice and snow crystals
Etienne Jambon-Puillet , Noushine Shahidzadeh & Daniel Bonn
NATURE COMMUNICATIONS | (2018) 9:4191 | DOI: 10.1038/s41467-018-06689-x C.C.4.0Le bon accord entre la simulation et l’évolution temporelle du flocon réel de neige permet d’affirmer que celle-ci ne dépend que de la diffusion au voisinage des protubérances.
Ces résultats trouvent une application dans les études sur le vieillissement de la neige ou sur la fonte des glaces. Cette méthode est assez générale pour pouvoir s’appliquer à bien des problèmes de diffusion sans conditions aux limites comme la dissolution de solides dans un solvant. On pourra ainsi contrôler le poli des surfaces de solides durant leur synthèse ou encore d’optimiser les formes cristallines afin de faciliter la dissolution d’un médicament.
Pour en savoir plus :
Singular sublimation of ice and snow crystals
Etienne Jambon-Puillet , Noushine Shahidzadeh & Daniel Bonn
NATURE COMMUNICATIONS | (2018) 9:4191 | DOI: 10.1038/s41467-018-06689-x