Quand le vent alimente des senseurs sans fil
On a développé récemment nombre de micro senseurs communicant par radio. Pour alimenter ces dispositifs miniatures, on a envisagé de « moissonner » de l’énergie par un système intégré sur les puces de silicium des senseurs. Des scientifiques de la National University of Singapore, Singapour, République de Singapour et de la National Chiao Tung University, Hsinchu, Taiwan, ont proposé et réalisé un dispositif récupérateur d’énergie basé sur des cylindres susceptibles d’osciller en présence de courants d’air. Ces oscillations excitent des microsystèmes électromécaniques (MEMS) piézoélectriques.
L’exploitation d’oscillations mécaniques dues à des tourbillons (ou vortex) pour fournir de l’électricité repose sur ce que les physiciens ont appelé vibration induite par vortex (VIV).
La vibration induite par vortex se produit quand des tourbillons périodiques se détachent d’un corps exposé à un flux continu de fluide; on appelle ce dernier phénomène les allées de Bénard- von Karman.
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Ceci induit sur le corps des forces périodiques, d’où des oscillations dont l’amplitude peut être élevée si leur fréquence correspond à la fréquence de résonance du corps qui fait obstruction à l’écoulement.
La figure 1 ci-dessous décrit la structure d’un élément du système proposé. Il est constitué d’un tube en polystyrène de diamètre 2 mm et de longueur 10 mm fixé sur un MEMS.
Le tube cylindrique circulaire oscillant est simplement collé à la colle cyanoacrylate sur le MEMS. Celui-ci est fabriqué par les techniques classiques de masquages suivis d’attaques chimiques propres à l’industrie des circuits intégrés. La plateforme qui supporte le tube polystyrène est en porte-à-faux par rapport au reste du MEMS. Elle comporte une couche de matériau piézoélectrique (nitrure d’aluminium, AlN) qui a la charge de convertir l’énergie mécanique de l’oscillation en énergie électrique.
La figure 2 représente les deux modes propres d’oscillation du cylindre fixé au MEMS.
Seul le mode 1 est utilisable : la flexion du porte-a-faux crée une différence de potentiel importante aux bornes du piézoélectrique. Le mode 2 de torsion a peu d’effet sur le piézo.
Le dispositif a été testé dans une petite soufflerie.
On a ensuite disposé autour du cylindre oscillant des réseaux carrés de pas L de cylindres pleins de même taille (voir Fig.3.).
En faisant varier le rapport L/D et le nombre de barreaux passifs, les chercheurs ont pu établir qu’avec L/D = 4 et un réseau de 3 x 3, on obtenait une puissance maxima (de l’ordre du nanowatt) double de celle collectée par le cylindre isolé pour une vitesse de vent donnée.
On obtient toujours une puissance plus élevée que celle du cylindre oscillant isolé quand on dispose autour de lui un réseau de cylindres.
Une explication en est que les cylindres passifs en amont du cylindre oscillant créent une vitesse transverse périodique qui augmente la réponse du cylindre oscillant collecteur.
Ce dispositif offre une voie vers l’alimentation de senseurs miniaturisés. Le système a un faible coût dû à la facile intégration du collecteur d’énergie et du senseur sur la même puce de silicium.
Pour en savoir plus :
Vortex-induced vibration wind energy harvesting by piezoelectric MEMS device in formation
Yin Jen Lee, Yi Qi, Guangya Zhou & Kim Boon Lua
Scientific Reports | (2019) 9:20404