L’optique adaptative permet d’augmenter la résolution de la microscopie
Les astronomes utilisent depuis longtemps la technique connue sous le nom d’optique adaptative (OA) pour atteindre la résolution maximale de certains de leurs télescopes. Dans ce but, on mesure la distorsion apportée à la lumière par l’atmosphère et ses turbulences, et on applique à l’image brute la correction correspondante.
En microscopie, on a essayé ces méthodes pour obtenir de meilleures images d’échantillons biologiques mais leur complexité, leur coût et leur lenteur ont fait renoncer à leur emploi.
Des scientifiques de l’Howard Hughes Medical Institute, Ashburn, Virginia, USA, du National Institute of Health, Bethesda, Maryland , USA, de l’University of Chicago, Chicago, Illinois, USA, du Marine Biological Laboratory, Woods Hole, Massachusetts, USA et de la Zhejiang University, Hangzhou, China ont adapté à la microscopie une des méthodes utilisée en astronomie, la diversité de phase.
La pierre angulaire de l’OA est la détection (en anglais le « sensing » ) du front d’onde déformé par les diverses aberrations.
En astronomie, on utilise souvent une méthode directe qui consiste à mesurer l’aberration affectant l‘image d’une étoile fixe proche de la cible ou encore sur celle d’une étoile artificielle créée dans la haute atmosphère (entre 80 et 100 km), par l’excitation d’atomes de sodium par un puissant laser. Ces méthodes sont difficiles à transposer en microscopie où il est plus simple d’utiliser une méthode indirecte comme la diversité de phase (Fig.1.).
D&ns cette méthode appliquée par les chercheurs à la microscopie par fluorescence, on prend , outre l’image de l’objet obérée par les aberrations, une séquence d’images supplémentaires avec une diversité d’aberrations ajoutées à dessein grâce à l’élément adaptatif, le miroir déformable. L’ensemble de ces images » de diversité de phase » fournit une information supplémentaire permettant d’estimer l’aberration inconnue. Cette approche indirecte présente comme avantages un coût relativement bas, un montage optique simple puisqu’il ne nécessite pas de détecteur de front d’onde supplémentaire, une vitesse plus élevée ainsi qu’une amélioration de la performance dans les tissus biologiques épais.
La figure 1.ci-dessous résume cette approche.
Le but de l’algorithme de diversité de phase est, à partir des images d’entrée, des fronts d’onde de diversités correspondantes connus et des paramètres du système, d’obtenir l’estimation la plus précise possible du front d’onde inconnu responsable des aberrations.
Le miroir déformable (disponible commercialement) est constitué d’une membrane réfléchissante déformable sur laquelle agissent 52 actionneurs électromagnétiques. Il est calibré de façon à connaître l’effet sur le front d’onde de chaque actionneur pour une tension appliquée donnée.
La figure ci-dessous est un schéma plus détaillé du système optique utilisé.
La figure suivante illustre le mode de correction des aberrations sur des images de cellules issues d’une lignée cellulaire tumorale appelée U2OS et de la lignée PtK2.
L »optique adaptative par diversité de phase permet ainsi d’arriver quasiment à la résolution nominale de l’objectif .
La microscopie par fluorescence constitue un outil de grande valeur pour la biologie . Cependant ses performances sont compromises par les distortions dues aux imperfections optiques propres à la nature réfringente des échantillons biologiques . Les images sont ainsi dégradées, leur contraste et leur résolution affaiblis. Les méthodes de l’optique adaptative des astronomes peuvent détecter l’aberration du front d’onde, mais elles sont compliquées, peu efficaces, lentes et trop onéreuses pour devenir une routine pour la plupart des laboratoires utilisant la microscopie.
La méthode basée sur la diversité de phase fournit une mesure du front d’onde avec une erreur inférieure à λ/35 avec relativement peu de mesures. Tout ceci avec l’addition d’un seul élément supplémentaire, le miroir déformable.
Elle est destinée à se répandre dans de nombreux laboratoires de biologie.
Pour en savoir plus :
Phase-diversity-based wavefront sensing for fluorescence microscopy: COURTNEY JOHNSON, MIN GUO, MAGDALENA C. SCHNEIDER, YIJUN SU, SATYA KHUON, NIKOLAJ REISER, YICONG WU, PATRICK LA RIVIERE, AND HARI SHROFF Vol. 11, No. 6 / June 2024 / Optica