Dessalement à haut rendement par énergie solaire
Des unités de désalinisation de l’eau de mer utilisant l’énergie solaire ont déjà été envisagées. Le principe en est simple : la chaleur fournie par le rayonnement solaire vaporise l’eau salée en vapeur d’eau. Celle-ci se condense sur une paroi froide donnant de l’eau potable qui est récupérée. La chaleur dégagée par la condensation est généralement évacuée vers l’extérieur.
Des chercheurs du MIT (Massachusetts Institute of Technology), Cambridge, USA et de !a Shanghai Jiao Tang University, Shanghai, China ont réussi à multiplier par près de quatre l’efficacité d’un tel système en récupérant la chaleur dégagée par la condensation pour l’utiliser à la vaporisation.
Le système qu’ils ont évalué sur une maquette au laboratoire est basé sur le principe suivant : le rayonnement solaire sert à vaporiser l’eau de l’eau salée en la chauffant jusqu’à une température suffisante et en lui fournissant la chaleur latente de vaporisation nécessaire. En se condensant, la vapeur d’eau redonne au condenseur cette chaleur latente. Celle-ci est réutilisée pour chauffer et vaporiser de l’eau salée, grâce l’utilisation d’étages de vaporisation-condensation en cascade (Fig.1).
La Fig.2 suivante schématise le mécanisme du système à multi-étages. On y a figuré les pertes de chaleur vers l’extérieur
Les photographies de la fig.3 montrent un prototype à 10 étages et les détails de sa structure.
La vidéo 1 suivante décrit le démarrage du prototype à 10 étages. L’eau dessalée commence à couler du premier étage 8 minutes après le début de l’exposition au soleil. Les étages suivants sont activés successivement et le dispositif complet atteint son état stationnaire après 100 minutes. L’eau sort alors de tous les 10 étages.
Le mouvement est accéléré d’un facteur 100.
Tiré de Ultrahigh-efficiency desalination via a thermally-localized multistage solar still
Zhenyuan Xu, Lenan Zhang, Lin Zhao, Bangjun Li, Bikram Bhatia, Chenxi Wang,a Kyle L. Wilke, Youngsup Song, Omar Labban, John H. Lienhard, Ruzhu Wang and Evelyn N. Wang
Energy & Environmental Science, 2020, 13, 830, Sup. Mat. C.C.3.0 Published by The Royal Society of Chemistry. C.C.3.0.
On voit sur la vidéo 2 suivante le fonctionnement du dispositif de dessalement à dix étages ayant atteint son régime stationnaire. L’eau sort des dix étages à la fois et est collectée dans un récipient séparé.
Enfin, la vidéo 3 montre la collecte de l’eau douce du dispositif à 1O étages lors d’un essai en extérieur. Il a été effectué sur le toit de l’immeuble 1 du MIT à Cambridge, Ma, USA, le 13 juillet 2019. La vidéo débute à 11 H 10 et finit vers 16 H. Le mouvement est accéléré d’un facteur 250.
La fenêtre agrandie en haut à gauche montre l’eau douce sortant de chaque étage durant cette opération. La fenêtre agrandie en bas à gauche montre la hauteur d’eau correspondante dans l’éprouvette graduée. La fenêtre de droite montre le processus complet de récupération de l’eau douce. Celle-ci s’est mise à couler 20 minutes après le début de l’expérience.
Tiré de Ultrahigh-efficiency desalination via a thermally-localized multistage solar still
Zhenyuan Xu, Lenan Zhang, Lin Zhao, Bangjun Li, Bikram Bhatia, Chenxi Wang,a Kyle L. Wilke, Youngsup Song, Omar Labban, John H. Lienhard, Ruzhu Wang and Evelyn N. Wang
Energy & Environmental Science, 2020, 13, 830, Sup. Mat. C.C.3.0 Published by The Royal Society of Chemistry. C.C.3.0
L’efficacité du procédé repose sur l’utilisation de multiples étages pour dessaler l’eau de mer. A chacun de ceux-ci, l’eau dégagée par la condensation dans l’étage précédent est utilisée pour l’évaporation au lieu d’être perdue. L’ajout d’étages supplémentaires augmente l’efficacité de la conversion d’énergie solaire en énergie de vaporisation mais, bien sûr, augmente le coût et l’encombrement du système. Les chercheurs ont choisi un système à 10 étages pour leur modèle de démonstration installé sur un toit du MIT. Ce système fournit 5, 78 L/H d’eau douce par m2. L’efficacité de la conversion énergie solaire vers énergie de l’eau produite s’obtient en faisant le rapport du produit masse d’eau douce obtenue x chaleur latente surl’énergie solaire reçue par la surface du dispositif. Alors qu’elle n’est que de 81% pour le système à un étage, elle est de 326% pour celui à 10 étages. Ce résultat surpasse de loin tous les travaux récents sur la conversion énergie solaire-vapeur d’eau. Le sel accumulé dans les évaporateurs pendant l’exposition solaire rediffuse la nuit dans le réservoir d’eau salée.
Le prototype a été construit avec des matériaux bon marché. Seul l’aérogel est coûteux mais pourrait être remplacé par un isolant moins onéreux.
A titre d’exemple, les chercheurs estiment qu’un système d’un m2 de surface placé sur un grand réservoir d’eau de mer pourrait fournir journellement l’eau potable nécessaire aux besoins d’une personne et qu’un dispositif alimentant une famille entière pourrait être construit pour environ 100 €.