Des cellules solaires en pérovskite atteignent un rendement de 20%
Les cellules solaires en halogénures de métaux de structure pérovskite sont très prometteuses en raison de leur rendement élevé et de leur faible coût de fabrication. Mais, jusqu’ici, on ne les obtenait avec des performances élevées que pour de très petites surfaces (de 0,04 à 0,2 cm2). Des chercheurs de l’EPFL, Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, en Suisse, ont réussi, en diminuant rapidement la pression à un certain stade de la formation des cristaux de pérovskite, à obtenir ces performances pour des cellules de grandes dimensions, de l’ordre du cm2.
La préparation de films minces de cristaux de pérovskite de haute qualité
On l’applique maintenant à toute structure cristalline de même type et de formule chimique générale de la forme ABX3 où A et B sont deux cations liés tous deux à un anion X mais aussi à des composés organiques de formule chimique plus compliquée.
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La méthode conventionnelle de fabrication de films de pérovskite consiste à déposer sur un substrat une solution précurseur des cristaux et à précipiter ceux-ci par l’action d’un produit chimique anti-solvant ou un pompage du solvant. La solution précurseur est déposée sur un film mésoporeux (pores de 1 à 2 nm) d’oxyde de titane TiO2. La méthode des chercheurs suisses, dite vide éclair (en anglais vacuum flash–assisted solution process, VASP), consiste à appliquer au dépôt de solution un abaissement de pression soudain, court et contrôlé (pression de 0,2 millibar durant 10 s) qui retire le solvant et accélère la cristallisation. Après un recuit thermique du matériau ainsi obtenu, on obtient des films de cristaux de pérovskite d’une excellente qualité électronique. La méthode du vide éclair permet le dépôt de ces films sur des substrats de grande taille ( 1 cm2 ) et peut facilement être transposée en un procédé continu. Cette technique est applicable à une grande variété de substrats.
Les cristaux de pérovskite utilisés correspondent à la formule FA0.81MA0.15PbI2.51Br0.45 où FA représente l’anion formamidine HC(=NH)NH2 et MA l’anion méthyl ammonium (CH3)NH3+ et où les cations sont l’iode, le plomb et le brome. Ces composants sont dissous dans le solvant organique diméthylsulfoxyde ( DMSO) pour obtenir une solution précurseur des cristaux.
La méthode du vide éclair peut également s’appliquer à des formulations de solutions voisines.
La fabrication des cellules solaires
Après l’opération de vide éclair évoquée ci-dessus, les films minces de cristaux de structure pérovskite de formule FA0.81MA0.15PbI2.51Br0.45 sont recouverts d’une couche fine du composé organique Spiro-OMeTAD [2,2′,7,7′-tetrakis(N,N-di-p-méthoxyphényl-amine)9,9′-spirobifluorène] couramment utilisé comme milieu conducteur de charges positives dans les cellules solaires au pérovskite. Une couche d’or de 80 nm d’épaisseur déposée par évaporation sous vide constitue l’électrode supérieure.
La figure ci-dessous schématise la configuration d’une photocellule en pérovskite d’une surface active de 1 cm2.
A titre de comparaison, on a représenté sur la figure suivante des images obtenues au microscope à balayage de la surface et d’une section transverse de films de pérovskite fabriqués par procédé conventionnel (à gauche) et par le procédé à vide éclair (VASP) (à droite).
On remarque sur la figure précédente que le film de pérovskite préparé par le procédé conventionnel (à gauche) ne couvre pas entièrement le substrat de TiO2 mésoporeux à la différence du film obtenu par VASP (à droite). Ce dernier est homogène, sans trous et formé de grains de tailles comprises entre 400 nm et 1000 nm (1 µm), bien plus élevées que celles du film de gauche.
Des mesures spectroscopiques ont montré aussi que les films obtenus par VASP ont une plus forte absorption lumineuse, en particulier aux faibles longueurs d’onde, que ceux obtenus par procédé conventionnel.
Le rendement des cellules solaires est défini par le rapport de la puissance électrique fournie à la puissance lumineuse absorbée. Il atteint, dans le cas des cellules solaires obtenues par le procédé de vide éclair, une valeur de 20%.
Ceci constitue une remarquable avancée pour la technologie des cellules solaires au pérovskite qui connaît déjà un développement industriel et est à la fois simple et de faible coût.
On pourrait d’ailleurs associer cette technique à celle des cellules solaires au silicium en déposant la pérovskite sur un support de ce matériau. On augmenterait ainsi le spectre d’énergie solaire converti en électricité : les photons de plus courte longueur d’onde seraient absorbés par le film de pérovskite, ceux de plus grande longueur d’onde le traverseraient et seraient absorbés par le silicium. On pourrait alors atteindre un rendement de l’ordre de 30%.
Pour en savoir plus :
A vacuum flash–assisted solution process for high-efficiency large-area pérovskite solar cells
Xiong Li, Dongqin Bi, Chenyi Yi, Jean-David Décoppet, Jingshan Luo, Shaik Mohammed Zakeeruddin, Anders Hagfeldt, Michael Grätzel
Science 01 Jul 2016:
Vol. 353, Issue 6294, pp. 58-62