Le mystère des « cercles de fées » éclairci
Dans les contrées arides, on observe parfois des zones circulaires vides de végétation qui se répètent selon un ordre quasi hexagonal. C’est dans le désert de Namibie, en Afrique, que l’on a d’abord trouvé des figures de ce type.
Des structures similaires à 10.000 km de la Namibie
Des chercheurs environnementaux allemands, israéliens et australiens ont trouvé en Australie des figures analogues (ci-dessous, Fig.2.). Ils ont proposé un modèle théorique qui explique les phénomènes observés dans les deux endroits bien que les mécanismes à leur origine soient différents.
Le mécanisme de formation des cercles de fées
La théorie de la formation des structures prédit que des vides de végétation tels que les cercles de fées se créent et s’auto-organisent en réseaux hexagonaux lors de la compétition entre la croissance des plantes (c’est-à dire la création d’une biomasse) et le transport de l’eau. Ce mécanisme est bien représenté par une équation dite de réaction-diffusion due au mathématicien Alan Turing.
A la fin de sa vie, il posa les bases de la morphogenèse, science qui explique comment se forme la structure des tissus vivants, des organes et de nombreux systèmes d’objets en interaction .
La comparaison des structures de Namibie et d’Australie montre qu’elles ont des caractéristiques communes alors qu’elles ont leur origine dans des mécanismes différents de réaction-diffusion entre biomasse et eau.
Les modalités du transport de l’eau de l’intérieur des cercles vers la couronne végétale ne sont pas les mêmes dans les deux cas (Fig.6. ci-dessous). Le contenu en eau du sol dans les cercles de Namibie excède celui dans la couronne végétale et on observe le contraire dans les cercles d’Australie. En effet, c’est par diffusion de l’eau dans un sol sableux que s’effectue le transport d’eau dans l’écosystème namibien, tandis qu’en Australie il se fait par écoulement à la surface d’un sol argileux.
Mais dans ces deux cas, on observe une instabilité de même type dans la relation entre croissance de la biomasse et le volume annuel des précipitations. C’est ce qui conduit à la formation des structures en cercles et à leur organisation en réseaux hexagonaux de cercles de fée.
Sur la figure suivante on peut voir deux vues de surfaces de 500 m x 500 m en Namibie et en Australie ainsi qu’une simulation d’une telle aire en Australie à l’aide d’un modèle théorique.
Ces résultats confirment le caractère universel de la théorie de la formation des figures de Turing. Celle-ci classe les figures obtenues par auto-organisation selon la nature des instabilités qui leur ont donné naissance et prédit que des systèmes différents qui ont des instabilités du même type conduiront à des figures semblables. Dans le cas des écosystèmes de Namibie et d’Australie, on voit que des mécanismes de transport d’eau différents induisent une instabilité à la Turing qui engendre la croissance monotone de figures semblables spatialement structurées.
Pour en savoir plus :
Discovery of fairy circles in Australia supports self-organization theory
Stephan Getzin, Hezi Yizhaq, Bronwyn Bell, Todd E. Ericksone, Anthony C. Postle, Itzhak Katra, Omer Tzuk,
Yuval R. Zelnik, Kerstin Wiegand, Thorsten Wiegand, and Ehud Meron
PNAS March 29, 2016 vol. 113 no. 13 3551-3556